Nous commençons cet article par saluer et remercier toutes celles et tous ceux qui nous lisent et qui accordent un intérêt à nos écrits à travers leurs réactions. Nous sommes certains que nous partageons un rêve commun : celui d’une agriculture ivoirienne et africaine résiliente face aux mutations socio-économiques, climatiques et environnementales. Une agriculture, capable d’assurer des conditions de vie décentes aux paysans et à l’ensemble des populations des zones rurales ; tout en garantissant un approvisionnement régulier des différents marchés urbains et des industries (locales et étrangères) avec des produits de bonne qualité répondant aux normes d’une agriculture durable.
Nous invitons toutes celles et tous ceux qui désirent partager leurs idées ou réflexions sur les moyens d’atteindre cet idéal d’agriculture durable avec toutes les lectrices et les lecteurs à travers la plateforme www.pamdagro.ci à nous les faire parvenir à notre adresse : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. .
Pour ce trimestre (Juillet-Septembre), nous aborderons les trois principaux sujets qui sont : le genre, les minorités et les problèmes sociaux dans l’agriculture ivoirienne. Notre analyse consistera essentiellement (sans aucune prétention d’épuiser ces sujets) à répondre aux questions suivantes :
- Genre :
ü Comment mieux poser la problématique du genre dans l’agriculture ivoirienne de manière à trouver des solutions qui prennent en compte les réalités socio-culturelles des zones rurales et qui permettent de faire évoluer les mentalités et modifier les comportements face à cette problématique ?
ü Est-ce que la meilleure réponse à la question du genre en milieu rural consiste à donner aux femmes (productrices) des droits civils et coutumiers égaux à ceux des hommes (accès facile et équitable aux terres, succession, etc.) ?
ü Le niveau de réussite (les avantages, droits et compétences acquis ou offert à certains hommes) est-il le niveau idéal de référence qui devrait être comparé à celui acquis ou offert aux femmes pour que soient résolues les questions du genre ?
- Minorités :
ü Comment mieux définir les minorités dans le secteur de l’agriculture ivoirienne afin d’identifier les difficultés auxquelles elles sont confrontées et y apporter des solutions pertinentes?
ü Quels rôles peuvent jouer les minorités dans le développement des principales filières agricoles ?
üComment faire évoluer les mentalités et changer positivement les comportements sur le rôle que peuvent jouer les minorités dans les chaines de valeurs agricoles en Côte d’ivoire de manière à les redynamiser ?
- Problèmes sociaux :
ü Quels sont les problèmes sociaux qui surviennent de manière transversale et récurrente au sein des principales filières de l’agriculture ivoirienne ?
ü Quelles pourraient être les solutions idoines ?
Nous serions très heureux de recevoir vos remarques et observations quant à ces questions soulevées et à la manière dont nous pourrions les aborder.
Nous ne saurions conclure cet article sans toutefois faire une brève analyse de l’actualité qui prévaut au sein de la filière cacao au Ghana et en Côte d’ivoire. Nous restons persuadés que la résolution de la problématique de l’amélioration des conditions de vie des producteurs ivoiriens et ghanéens de cacao ne réside pas essentiellement dans la mise en place d’un mécanisme sensé leur garantir un prix minimum bord champ fixe dans un contexte de marché boursier où les intérêts des principaux acteurs divergent ; et où les prix sur ces marchés fluctuent en fonction de l’offre et de la demande mondiale des fèves brutes, des stocks de fèves disponibles dans les entrepôts des multinationales à travers le monde, de l’évolution de la demande et des habitudes de consommation des produits à base de cacao des consommateurs européens et américains, et de bien d’autres facteurs difficilement maîtrisables.
L’une des premières solutions pour améliorer le niveau de vie des producteurs de cacao selon notre analyse, serait de réduire considérablement les coûts de production des fèves de cacao qui sont de plus en plus élevés pour la majorité des petits producteurs. Selon une étude menée par César Paz Lopez (« Étude sur les coûts de production et de leur relation avec le coût de la vie des producteurs de coopératives partenaires du programme Équité en Côte d’Ivoire, Mai 2017) pour le compte du Programme Equité et également dans le document « Manuel du Planteur de Cacao », (page 81, édition de Février 2015) rédigé par le GIZ, les coûts de productions moyens par hectare pour un petit producteur de cacao appliquant les BPAs sont de l’ordre de 1.198.715 FCFA par hectare soit environ 2.055 US$ par hectare. Ce qui correspond à environ 79% du prix plancher de 2.600 US$, trop élevé pour permettre aux petits producteurs de vivre décemment sans un apport financier additionnel provenant des primes versées par les organismes de certification.
Bien que le CCC et le COCOBOD aient mis en place des mécanismes de soutien aux producteurs en vue de faire baisser les coûts de production : distribution gratuite de certains intrants agricoles aux producteurs (sacheries et produits phytosanitaires). Force est de constater (pour ceux qui s’intéressent de près aux producteurs de cacao) que ces mécanismes souffrent de nombreuses insuffisances et leurs impacts sont très minimes. Il serait souhaitable que des réflexions soient menées pour la mise en place de mécanismes plus efficaces et plus transparents, qui incluent les producteurs et leurs organisations.
Si l’effort de convergence des actions de ces deux institutions visant à offrir des prix plus rémunérateurs aux producteurs ivoiriens et ghanéens est à saluer et à encourager ; il demeure que des différences existent dans le fonctionnement de ces institutions et dans leurs environnements macroéconomiques.
Nous ne citerons que quelques différences qui pourraient être des obstacles à l’efficacité de leurs actions communes : systèmes de commercialisation ; financement de la commercialisation ; taux de conversion des monnaies locales (FCFA et Cedi) entre elles, et entre elles et les devises de cotation sur les marchés boursiers de Londres (livre) et New York (dollar américain), etc.
Les retombées de l’instauration d’un mécanisme de fixation des prix CAF à 2.600 US$ avec un différentiel de subsistance de 400 US$ en cas de baisse des prix en dessous de 2.600 US$, seraient très bénéfiques pour les producteurs des deux pays. Mais les bénéfices seront certainement plus importants pour les producteurs de cacao des autres pays qui ont adopté des systèmes de commercialisation plus libérale.
Nous terminons notre analyse par relever que les paysans sont des entrepreneurs individuels qui ont besoin de véritables structures d’accompagnement qui leur offrent des services de qualité à des coûts acceptables. Les rôles des pouvoirs publics devraient être de créer les conditions pour une mise en place de structures publiques et privées autonomes d’accompagnement capables d’offrir ces services de qualité à moindre coûts aux producteurs dans la gestion quotidienne de leurs entreprises agricoles de cacao et de diverses autres spéculations agricoles afin d’assurer la rentabilité et la durabilité des activités agricoles.
Steve D.
Nous terminons notre série d’articles sur l’agriculture durable en Côte d’ivoire par un diagnostic succinct de l’agriculture ivoirienne sur la base du concept d’agriculture durable défini par la FAO. Ensuite, nous en dégagerons quelques perspectives pour la mise en œuvre effective de ce concept en Côte d’Ivoire.
Il est important, pour une meilleure conclusion de cette série d’articles sur le concept d’agriculture durable, de résumer les deux précédents articles :
· Enjeux Agriculture durable vs Enjeux Certification agricole
Les enjeux de l’Agriculture durable sont globaux et orientés en direction de tous les acteurs impliqués dans le développement du secteur de l’agriculture, avec pour finalités une conservation des terres, des eaux et leur transmission sans danger pour l’environnement, par l’utilisation de méthodes et moyens techniquement bien adaptés, économiquement viables et socialement acceptables aux générations futures. Par contre, les enjeux des normes de certification ou programmes de durabilité développés par des ONG et des industriels ou transformateurs, bien que reprenant à leur compte des principes de l’Agriculture durable ont pour finalités de modifier les habitudes, les pratiques agricoles et commerciales des producteurs et des autres acteurs des chaines de valeurs pour les rendre conformes à des normes qui correspondent aux attentes des consommateurs occidentaux en terme de traçabilité des produits fabriqués, de pratiques sociales et culturales saines, de protection de l’environnement. La conformité à ces normes est matérialisée par la délivrance d’un label ou certificat, qui donne droit à la perception d’une prime qui varie selon le label ou le certificat obtenu.
· Sociétés coopératives, Traitants, Exportateurs et Transformateurs agréés de la filière cacao: Quelle certification agricole leur correspond le mieux?
La filière cacao est la filière pionnière en matière d’implémentation des normes de certification et des programmes de durabilité au sein de l’agriculture ivoirienne. Il est bon de noter que c’est probablement durant la campagne 2004/2005 que nous avons assisté pour la première fois à la mise en œuvre des normes de certification en matière d’agriculture durable avec la certification Commerce Équitable (FLO) de la Coopérative KAVOKIVA de Daloa. Au fil des ans, de nouvelles normes de certification ont été créées tandis que celles qui existaient ont évolué pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs occidentaux. On note l’existence d’une corrélation (en termes de correspondance idéale) entre les labels délivrés, les normes ou critères élaborés par les organismes de certification et chaque catégorie d’acteurs. Ainsi, selon notre analyse, les certifications UTZ / RA correspondent le mieux aux industriels, exportateurs et traitants (moins contraignantes) ; tandis que les certifications Commerce équitable (FLO) et Agriculture biologique (BIO) répondent mieux aux besoins des producteurs et de leurs organisations (plus rentables et meilleurs contrôles des certificats).
Les perspectives d’une agriculture ivoirienne « durable »
La Côte d’ivoire c’est l’agriculture et cela quel que soit l’angle sous lequel on se place (dixit M. Abdoulaye SAWADOGO, Ministre de l’Agriculture 1968-1977). L’agriculture a de tout temps occupé une place prédominante dans l’économie ivoirienne. Dès l’accession à l’indépendance de la Côte d’Ivoire, sous l’impulsion du premier Président de la République, Félix Houphouët Boigny, l’agriculture bénéficiera de plusieurs mesures d’incitation et plans de développement pour la rendre plus compétitive par rapport à tous les autres secteurs (tertiaires). Ce qui va favoriser un développement spectaculaire de plusieurs cultures dont les cultures de rente (qui fournissent d’importantes ressources financières au budget de l’état) et les cultures vivrières (sensées assurer la sécurité alimentaire des populations). L’économie ivoirienne connaîtra un véritable essor qui sera freiné par la chute des cours mondiaux des principales matières premières et la détérioration des termes de l’échange.
Aujourd’hui, l’agriculture continue d’être l’une des principales sources d’apport en ressources financières au budget de l’état quoique les conditions de vie des principaux acteurs que sont les producteurs se dégradent au fil des ans. Et cela, sans possibilité réelle de bénéficier de subventions capables d’améliorer leur bien-être ou d’autres sources de revenus distinctes de celles issues de la vente de leurs récoltes. Ainsi donc, l’agriculture ivoirienne ne parvient plus à satisfaire les besoins de ceux qui en sont le principal socle (les producteurs). Si nous partons de ce constat et considérant la définition faite de l’agriculture durable par la FAO «…conserver les terres, les eaux et le patrimoine zoogénétique et phytogénétique et utiliser des moyens sans danger pour l’environnement, techniquement bien adaptés, économiquement viables et socialement acceptables », l’agriculture ivoirienne qui ne parvient plus à nourrir « ses hommes » ne remplit pas les critères d’une agriculture durable prescrits par la FAO.
Les deux programmes d’investissements agricoles (PNIA 1 & 2) initiés successivement depuis 2012 par le gouvernement n’ont pas encore produit de résultats satisfaisants pour qualifier l’agriculture ivoirienne de résiliente ou de « durable ». Des solutions pertinentes à des questions beaucoup plus existentielles devraient être apportées en vue de dégager des perspectives pour une agriculture ivoirienne résiliente, « durable ». Ces questions sont les suivantes :
ü Justice et équité fiscale : Comment améliorer le système d’imposition des taxes et droits sur les exportations de matières premières agricoles de manière à réduire leur impact sur les prix bord champ payés aux producteurs ?
ü Système de commercialisation : Comment réduire les intermédiaires sur les chaines de valeurs de commercialisation des produits agricoles de manière à rapprocher les producteurs des usines de transformation ;
ü Genre : Comment favoriser l’accès des femmes aux terres, à la formation et à l’apprentissage pour en faire des leaders dans les communautés rurales ?
ü Minorité : Comment éradiquer le phénomène d’exploitation des enfants ?
ü Reconnaissance sociale : Quel statut professionnel pour les producteurs reconnaissant leurs efforts qui ont bâti cette Côte d’ivoire moderne ?
ü Protection de l’environnement : Quelle politique mettre en place pour mieux organiser le secteur des produits phytosanitaires et réduire considérablement les coûts des intrants agricoles ? Comment inciter à mieux valoriser les déchets inorganiques issues des exploitations agricoles et agroindustrielles ?
Tableau d’analyse Conformité des principales filières agricoles aux 05 principes de la FAO
Les principes de l’agriculture durable | Filière café /cacao | Filière coton / anacarde | Filière hévéa / palmier à huile | Filière Riz | Filière vivrier |
Principe 1 : Améliorer l’efficience de l’utilisation des ressources; |
Conforme | Conforme | Conforme | Conforme | Conforme |
Principe 2 Des actions directes pour conserver, protéger et mettre en valeur les ressources naturelles |
Conforme | Conforme | Conforme | Conforme | Conforme |
Principe 3 : Réussir à protéger les moyens d’existence ruraux, et à améliorer l’équité et le bien-être social |
Non conforme | Non conforme | Non conforme | Conforme | Non conforme |
Principe 4 : Renforcer la résilience des populations, communautés et écosystèmes, en particulier en matière de changement climatique et de volatilité du marché |
Non conforme | Non conforme | Non conforme | Non conforme | Non conforme |
Principe 5 : Une bonne gouvernance pour garantir la durabilité des systèmes tant naturels qu’humains |
Non conforme | Non conforme | Non conforme | Non conforme | Non conforme |
Commentaire général | Des actions à mener pour arriver à une filière durable | Des actions à mener pour arriver à une filière durable | Des actions à mener pour arriver à une filière durable | Des actions à mener pour arriver à une filière durable | Des actions à mener pour arriver à une filière durable |
Steve D.
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Contribution de Gaudiose Mujawamariya, experte de la chaîne de valeur du riz et point focal Genre, et Irina Andrianina Tefy, assistante de recherche, Programme Politique, Systèmes d'Innovation et Évaluation d’impact d'AfricaRice Au début du mois de mars 2020, alors que[…]
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